
Bhastrika
Le soufflet du forgeron
Bhastrika Pranayama : le souffle du feu
Techniques, bienfaits et précautions
Aujourd’hui je vous propose d’explorer ensemble la technique de Bhastrika Pranayama, aussi appelée le souffle du feu ou le soufflet du forgeron.
Cette pratique puissante de pranayama est l’une des plus énergisantes et purificatrices du yoga. Pourtant, on retrouve relativement peu de références à Bhastrika dans les textes anciens. La technique est surtout popularisée par des maîtres modernes comme Swami Sivananda, qui interprète et vulgarise le verset 2.64 de la Hatha Yoga Pradipika :
« Ayant rempli le ventre d’air avec force, et l’expulsant avec force, comme un soufflet de forgeron, c’est ce que les sages appellent Bhastrika. »
On trouve également d’autres références dans des textes comme le Gheranda Samhita :
« Comme le soufflet du forgeron se dilate et se contracte constamment, de même le yogi inspire l’air par les deux narines, lentement, en gonflant l’abdomen, puis le rejette rapidement (l’air faisant le bruit du soufflet). »
Bhastrika : la plus puissante des techniques de respiration yogique
Bhastrika Pranayama vise avant tout à purifier les nadis (canaux énergétiques) et le corps. Pour certains, c’est une version plus intense de Kapalabhati, tandis que d’autres le considèrent comme une étape ultérieure. Certaines écoles les traitent même comme une seule et même pratique.
Les effets de Bhastrika sont immédiats : vertiges, picotements, sensation d’euphorie… Ces sensations sont d’ailleurs exploitées dans des méthodes contemporaines comme le Sudarshan Kriya, le Tummo Yoga, ou encore la méthode Wim Hof.
Cette efficacité dès la première pratique en fait une excellente démonstration de la puissance de la respiration consciente sur le corps et l’esprit.
Les différentes techniques de Bhastrika Pranayama
La technique varie selon les écoles. Je vous propose ici plusieurs versions, toutes enseignées par des maîtres reconnus, avec un objectif commun : revitalisation, purification et montée de l’énergie.
1. Bhastrika à respiration complète (André Van Lysebeth & Gregor Maehle)
Cette version s’appuie sur la respiration yogique complète (ventrale et thoracique), pratiquée avec vigueur et rythme. Chaque cycle se termine par une rétention poumons pleins pour laisser monter l’énergie.
L’amplitude du souffle est ici plus importante que la vitesse. L’application des bandhas (verrous énergétiques) pendant la rétention est essentielle.
2. Bhastrika thoracique (Swami Ramdev)
Dans cette version dynamique, la respiration se concentre dans la cage thoracique, avec un rythme très rapide et les épaules très mobiles.
L’abdomen est peu sollicité. Après 20 à 30 cycles, une rétention est pratiquée. Cette technique favorise l’activation de l’énergie dans la partie supérieure du corps.
3. Bhastrika ventrale (Rodolphe Milliat, Swami Sivananda, B.K.S. Iyengar)
Ici, la respiration est diaphragmatique : elle reste dans le ventre. L’inspiration et l’expiration sont toutes deux actives.
L’énergie se concentre d’abord dans le diaphragme, avant de monter le long de la colonne vertébrale lors de la rétention. Cette version se rapproche de Kapalabhati, avec une inspiration également énergique.
4. Bhastrika + Surya Bhedana (Gérald Disse, Tiwari)
Une méthode combinée : un cycle de Kapalabhati, suivi de Surya Bhedana (respiration solaire). On inspire par la narine droite, expire par la gauche, puis réinspire par les deux narines avant de reprendre Kapalabhati.
Cette approche stimule le nadi solaire Pingala, et dirige l’énergie vers le haut.
5. Bhastrika avec mouvement des bras (Swami Ramdev, Sri Sri Ravi Shankar)
Dans cette version dynamique et accessible, les bras montent à l’inspiration et descendent à l’expiration, accompagnant le souffle pour stimuler la circulation énergétique.
Combien de cycles pratiquer ?
Commencez par 3 cycles de 20 respirations, avec une rétention poumons pleins à la fin de chaque cycle. Avec l’expérience, vous pourrez augmenter à 30, 50, voire 60 respirations.
Les premiers effets (picotements, vertiges) s’estomperont au fur et à mesure que votre corps s’habitue à recevoir cette puissante dose de prana.
Bhastrika peut se pratiquer seule, en routine courte de 10 à 15 minutes par jour. Swami Sivananda et Swami Ramdev affirment d’ailleurs que :
« Celui qui pratique Bhastrika chaque jour ne connaîtra jamais la maladie. »
Mais avant tout, Bhastrika est une technique de purification, qui prépare le corps et l’esprit à des pratiques plus profondes comme Kumbhaka (la rétention du souffle).
Contre-indications à Bhastrika Pranayama
Bhastrika est puissante : certaines conditions de santé exigent la prudence ou l’abstention.
❌ Ne pratiquez pas Bhastrika si vous avez :
-
Maladies cardiaques (hypertension, arythmies, pathologies coronariennes)
-
Glaucome ou décollement de rétine
-
Problèmes neurologiques (épilepsie, vertiges fréquents)
-
Hernies ou ulcères gastriques
-
Grossesse (surtout après le 1er trimestre)
-
Asthme sévère ou MPOC
-
Fièvre, fatigue extrême ou convalescence post-opératoire
-
⚠️ Précautions générales
-
Toujours pratiquer à jeun ou 3 à 4 h après un repas
-
Commencer doucement : 10 à 20 souffles pour les débutants
-
Surveiller les sensations : arrêter en cas d'étourdissement
-
Éviter juste avant de dormir (effet stimulant)
-
Se faire accompagner par un enseignant au début
-
Conclusion : une respiration pour transformer le corps et l’esprit
Bhastrika Pranayama est une technique puissante et transformatrice.
Elle demande progressivité, écoute de soi, et régularité, mais offre en retour une clarté mentale, une énergie nouvelle, et une purification profonde.
Explorez les différentes variantes, et trouvez celle qui vous convient. Le souffle est un maître. Il ouvre les portes du corps, de l’énergie, et de l’esprit.
#BhastrikaPranayama #SouffleDuFeu #PranayamaYoga #RespirationYogique #TechniquesDeRespiration #PurificationÉnergétique #YogaEtPranayama #KundaliniÉveil #RespirationConsciente #SantéParLaRespiration